Discours d’Isabelle Filliozat pour sa légion d’honneur le 9 Mai 2023
12 mai 2023Violences familiales : comprendre pour ne pas reproduire – Conférence gratuite en ligne
28 juillet 2023Réel ou imaginaire ? Réponses à l'exercice surréaliste de madame Roudinesco dans le journal Le Monde
Dans le journal Le Monde, Elisabeth Roudinesco raconte de drôles de choses sur moi. Il est vrai que pour la psychanalyse, l’imaginaire prime sur le réel… Elle est pourtant historienne et biographe… Otez-moi d’un doute, pourrait-elle traiter les biographies de Lacan et de Freud avec autant d’interprétations douteuses dans le seul but de servir sa cause ? Je ne me permettrais pas de le suspecter, mais pour ce qui me concerne, permettez-moi de ramener quelques faits :
- Faut-il être bienveillant envers les enfants et les jeunes adolescents au point de tolérer toutes leurs incartades (Filliozat) ?
Je professe le zéro tolérance aux comportements débordants. Car tolérer, c’est refuser d’entendre le besoin de l’enfant exprimé par ce débordement.
La parentalité positive n’est pas une notion « simpliste ». C’est une notion si complexe que manifestement madame Roudinesco ne la comprend pas.
- Née en 1957, autrice d’une quarantaine de livres, Isabelle Filliozat est issue d’une famille de psychothérapeutes.
Vrai ! - Titulaire d’une maîtrise de psychologie clinique, qui ne lui permettait pas de s’installer comme psychologue…
Lorsque j’ai obtenu ma maîtrise, en 1983, ce diplôme permettait de s’installer comme psychologue. Ce n’est qu’en 1990 que la loi a changé et qu’un DESS était désormais nécessaire. Je n’ai pas suivi la procédure qui aurait pu me conserver l’autorisation d’exercer au titre de la clause du grand-père ou clause d’ancienneté. - Elle s’est tournée vers des thérapies non homologuées pour exercer le métier de conférencière.
Dans cette phrase il y a deux attaques : non homologuées et me tourner vers des thérapies pour exercer le métier de confrérencière… sous-entendant que je n’aurais pas exercé en tant que psychothérapeute et donc que je n’aurais pas d’expérience clinique.
Je ne me suis pas tournée vers des thérapies non homologuées parce que je n’étais pas psychologue ! Je me suis tournée vers ces thérapies avant de commencer l’université parce qu’elles étaient efficaces. Elles n’ont pas été « homologuées » en France parce que notre pays est sous la coupe des psychanalystes qui refusent toute remise en cause de leur dogme et se méfient de toute thérapie risquant de se montrer plus efficace que la leur.Par ailleurs, je me suis formée en tant que psychothérapeute pour exercer la psychothérapie et non pour exercer le métier de conférencière. Ce sont deux métiers différents. Je me suis aussi formée en tant que conférencière.
J’ai donné des cours dans des écoles d’infirmière dès 1980 deux ans avant bien d’être psychothérapeute, puis au CNAM dès 1981. - Aussi bien met-elle en scène sur YouTube sa souffrance, ses émotions et la détestation de sa mère, qui l’a contrainte dans son enfance à une cure psychanalytique.
Je n’ai jamais détesté ma mère… ni une supposée détestation, ni ma mère ne m’ont contrainte à une cure psychanalytique. Ma mère m’a invitée à faire une psychothérapie en Analyse Transactionnelle après que j’ai eu deux accidents de voiture à 18 ans.Bien plus tard, à l’âge de trente ans, j’ai fait un an de psychanalyse pour éprouver cette approche.
- Mais elle raconte aussi que son grand-père frappait son père à coups de cravache, ayant été lui-même victime de parents violents.
Vrai. - C’est donc pour venger cette généalogie de l’humiliation qu’elle a décidé, dit-elle, de se lancer dans une croisade en faveur d’une régénération de l’enfance : ni conflit ni contrainte.
Parler de « vengeance » est décidément bien mal me connaître. Et je n’ai jamais utilisé le mot de croisade, qui ne fait pas partie de mes valeurs. C’est Caroline Goldman qui a dit vouloir partir en croisade pour restaurer la psychanalyse dans le soin.Je ne pense pas avoir jamais évoqué une « régénération » de l’enfance ?
Et je suis une apôtre du conflit, que je souligne nécessaire aux relations harmonieuses. Depuis plus de trente ans je dis dans mes conférences qu’Harmonie est une déesse grecque, fille d’Arès (mars) et d’Aphrodite (vénus) donc fille du dieu de la guerre et du conflit et de l’amour et de la communication. Le conflit est nécessaire à l’harmonie, tant dans le couple que dans la parentalité.
Et j’explique dans mes livres comment faire accepter la contrainte aux enfants ! - Il faut l’entendre raconter les postures d’une fillette de 6 ans qui ne sait pas quel vêtement choisir chaque matin pour aller à l’école : elle met une robe sous laquelle elle enfile un pantalon, aussitôt retiré en faveur d’un pull qui sera à son tour relégué au placard. Travail nécessaire, souligne-t-elle, au bon « développement neurocomportemental » de l’enfant, qui apprendra ainsi à jouir de sa garde-robe sans avoir eu à subir la moindre interdiction.
Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le parent « positif » doit être au service de ses chers bambins.
Je n’ai jamais parlé de « parent positif », mais de parentage ou de parentalité, ce sont les comportements qui sont positifs ou non, pas les parents.
En revanche, oui, les parents sont bien au service des enfants 24h sur 24. Il est de leur responsabilité de les protéger et de faire respecter leurs droits 24h sur 24. En Norvège, il est inscrit dans un petit livret destiné aux parents que les droits de l’enfant passent avant le confort des parents.
Les mots « posture », « jouir » appartiennent au vocabulaire de madame Roudinesco, pas au mien.
J’avoue que je ne vois pas ce qu’une interdiction pourrait apporter à l’éducation de cette petite fille… - Considérée par des chercheurs en neurosciences comme une scientifique de haut niveau…
Je ne suis pas une « scientifique de haut niveau », je ne me suis jamais revendiquée comme telle. En revanche, des chercheurs en neurosciences m’estiment, estiment mon travail et en relèvent l’honnêteté. Je fais relire mes livres avant parution et je ne recule jamais à rectifier une imprécision lorsqu’ils me la signalent. - Pour divulguer ses idées, Isabelle Filliozat a fondé une école, des ateliers de coaching et diverses formations payantes destinées à apprendre aux parents à élever leurs enfants…
Vrai, même si je rappelle toujours aux parents qu’ils sont les seuls à savoir ce qui est bon pour leur famille spécifique et que mon travail consiste à leur redonner la liberté de devenir le parent qu’ils ont envie d’être. - Rejoignant ainsi la galaxie du développement personnel qui valorise une culture de l’estime de soi, caractéristique des sociétés occidentales contemporaines :
Vrai pour la galaxie développement personnel, faux pour ma supposée adhésion à la culture de l’estime de soi, que je dénonce régulièrement. J’encourage au contraire à sortir du culte du moi, de la centration sur soi et invite à la responsabilité sociale, à l’engagement envers autrui, à l’empathie… - Calmer son mental, dépasser les blessures anciennes, méditer, devenir zen, etc.
Calmer son mental et devenir zen ? Ce n’est pas ce que j’enseigne !
Méditer oui, et guérir plutôt que dépasser les blessures anciennes. - Elle s’est également rapprochée de Guy Trédaniel, son deuxième éditeur, spécialisé dans la diffusion des médecines dites « non conventionnelles », où l’on retrouve pêle-mêle des praticiens radiés de l’ordre et des antivax.
Quel fantastique numéro d’équilibriste nous fait là madame Roudinesco pour réussir à sous-entendre que j’aurais partie liée avec des praticiens radiés de l’ordre et des « antivax », donc des gens peu recommandables… Comme si j’étais personnellement responsable des choix éditoriaux de Trédaniel qui a racheté en 2015 celui avec lequel j’ai passé contrat des années auparavant : J’ai publié L’Alchimie du bonheur chez Dervy en 1992 (Ce titre est devenu par la suite Utiliser le stress pour réussir sa vie en poche) ! Ainsi que Le Défi des Mères, pour en finir avec le sentiment de culpabilité des mères qui travaillent, en 1994. Trédaniel a racheté Dervy en 2015 – et je ne suis pour rien dans cette opération.
Pour la petite histoire, je peux préciser aussi que si Gilbert Diatkine a analysé Caroline Goldman, j’ai pour ma part assisté comme stagiaire aux consultations de son père, le Dr René Diatkine au dispensaire du 13ème à Paris en 1981 alors que j’étais en seconde année de psychologie à Paris Descartes.